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D’après ce que l’on sait, RABODOMANGA n’a pas laissé de descendance, et c’est son histoire écrite par le sieur RATSIFANDRIHAMANANA le 29 mai 1950 qui a permis d’en savoir un peu plus sur elle, et ce sont ces souvenirs et écrits que nous relatons ici.

" Je pense que les réunions comme celles-ci ne servent pas seulement à s’amuser, mais également à cultiver les souvenirs ". Ce sont les paroles du sieur RATSIFANDRIHAMANA lors de la fête de retournement des morts des deux époux RAINIMAROSANDY, des deux époux RAINIZAFIMANGA à Manjaka Ilafy, lorsqu’il a commencé à parler de feue RABODOMANGA.

" Il est nécessaire de se souvenir du passé, et notamment des défunts n’ayant pas de descendance qui aurait permis de faire perdurer leur histoire.

Je veux parler ici de feue RABODOMANGA, puisque nous sommes ici sa descendance. Ce sera une histoire brève et concise.

Feue RABODOMANGA est la fille cadette de feu RAINIZAFIMANGA et de feue RASOAVELO. Elle était née à Analakely le 4 mars 1883 et a commencé ses études à l’école Miss Gilpin en 1889.

Elle est entrée à l’école en même temps que RAZANAMANANA, fille aînée du sieur RASOAMANANA et de dame RAZAFIMANGA.

Par la suite, RABODOMANGA a épousé le sieur RAMANANDRAITSIORY et a eu deux garçons, RATOVELOMANANA et RASOAMANANA qui sont ont changé de noms par la suite, et devenus Marc et Eugène RABETRANO, prenant le nom de feu RABETRANO père de RAMANANDRAITSIORY.

Marc et Eugène ont suivi leurs études au Lycée Galliéni où ils étaient des élèves brillants, et ont obtenus leur baccalauréat sur place avant de partir continuer leurs études en France. Ils sont dans les premiers de la jeunesse malgache à avoir obtenu le diplôme de baccalauréat.

C’est la présence d’une mère à la fois courageuse, volontaire et sage qui les a aidé et guidé et leur a permis d’être aussi brillants.

RABODOMANGA était toujours prête à apprendre. Nous savons que l’école Gilpin était une école anglaise où l’enseignement du français était très minoritaire ; pourtant, elle connaissait le français parfaitement à l’aide des lectures qu’elle faisait d’elle-même ; par ailleurs, elle avait beaucoup de facilité pour les mathématiques, et ce savoir lui a permis de suivre et d’aider Marc et Eugène lorsqu’ils étaient au Lycée. On peut dire qu’elle était à la base de leur diplôme.

Les deux époux ont tout sacrifié pour permettre à leurs enfants de continuer leurs études à la faculté en France. C’est le 25 avril 1926 que Marc RABETRANO a quitté Madagascar pour aller en France et quelques années après, Eugène l’a suivi.

Il faut nous rappeler qu’à partir de 1921 et sur les dix années qui ont suivi, Madagascar a subi une crise monétaire assez forte, et pourtant RABODOMANGA ne cessait de répéter de son vivant, ce qui a également été suivi par feu RAMANANDRAITSIORY, son mari, par la suite : " Même si nous ne mangerons que du manioc sec pilé, nous ferons tout pour envoyer les deux garçons étudier à l’extérieur ".

Marc RABETRANO est sorti Docteur en Médecine et a même obtenu un diplôme de spécialisation. Son père, feu RAMANANDRAITSIORY, lors d’une réunion familiale, avait précisé : " Si Marc revient à Madagascar, il pourrait être directeur de l’Institut Pasteur, compte tenu de ses diplômes ". Malheureusement, il est mort en France.

Eugène RABETRANO est devenu Ingénieur chimiste et avait une raffinerie de pétrole en France. Il avait épousé une française et a eu trois enfants qui sont toujours vivants au moment où je vous parle. Raymond Paul RATSIFANDRIHAMANANA qui faisait ses études à Toulouse à cette époque avait été appelé par Eugène RABETRANO pour lui rendre visite régulièrement, surtout à l’époque de sa maladie et de son agonie.

Sur le faire-part de décès, le Docteur RAZAFITSIFEHERA et son épouse, ainsi que Raymond Paul faisaient partie des parents annonceurs, et Raymond faisait partie de ceux qui ont enterré Eugène RABETRANO en France.

RABODOMANGA est morte jeune ; elle n’avait pas vécu 40 ans sur terre et avec nous. Elle était décédée le 22 janvier 1915 et a été enterrée le 23 janvier 1915.

A quel endroit a-t-elle été enterrée ? C’est sur ce point que je souhaite attirer l’attention de la famille : j’aimerai préciser que si les cinq frères, fils de RAINIZAFIMANGA, étaient enterrés au nord d’Antananarivo, trois sœurs étaient enterrées à l’est d’Antananarivo, feu RAZAFIMANGA à Andrainarivo, feue RAZAFIMALALA à Antanimenakely Ambohimangakely, et feue RABODOMANGA la plus à l’est, à Ankadivory à l’ouest de Carion.

RABODOMANGA est morte sans avoir vu se réaliser ce qu’elle avait souhaité et désiré toute sa vie, à savoir la fin des études de ses fils.

RATSIFANDRIHAMANANA

29 mai 1950 – Manjaka Ilafy

Traduction par les membres du Comité ARF:  Régine Rakotoarivony, Serge Ratsimba-Rajohn avec la contribution de Julie Rakotoarisoa (Tantine Bako)